C’est une illusion optique, c’est-à-dire que nous croyons voir quelque chose mais cette chose n’existe pas du tout…
L’illusion est une perception erronée, mais le mirage est pire. Combien de fois face à une situation sommes-nous persuadés d’avoir vu ou entendu alors que l’autre n’a rien dit de tel…
Je vous donne un exemple… Nous savons que la télépathie existe, cependant certaines personnes (et j’ai pu constater que c’est souvent négatif) affirme entendre l’autre dire ceci ou cela… - Mais comment t’a-t-il dit cela ? Oh ! il ne l’a pas formulé, mais j’ai entendu ses pensées…
Nous savons que la communication est le trois quart du temps un monologue plutôt qu’un dialogue… car chacun est dans sa propre sphère de pensées, d’émotions etc. Si en plus nous rajoutons le fait que nous avons entendu ce que l’autre n’a pas dit !!! alors c’est la guerre…
Si nous nous en tenions à ce que l’autre dit ou fait cela réduirait la casse. Bien que, la façon de nous exprimer ne soit pas toujours très claire…
Ce que nous éprouvons face à un événement, une personne nous appartient, ce n’est pas forcément la réalité, apprenons à dialoguer… C’est mon état d’esprit qui fait que ce que je ressens est positif ou négatif… Si je sais reconnaître cela je fais un pas vers l’autre, cet inconnu, sans peur. Je peux dès lors m’abandonner à l’instant.
Combien de disputes entre conjoints partent d’une mauvaise compréhension… J’ai eu souvent face à moi un mari puis une femme, chacun me racontant ses déboires… je pense que mon mari ne m’aime plus, il ne fait pas attention à moi etc… et le mari, je pense que ma femme ne m’aime plus parce que… Ils disent la même chose…Ils ont une souffrance commune celle de se croire rejetés par l’autre… Bien souvent au lieu de parler, chacun s’enferme dans son mutisme, crée un peu plus de distance avec l’autre, ils sont tous les deux malheureux… et s’il n’y avait qu’entre conjoints !!!
Nous connaissons tous cette illusion qui nous fait prendre une corde pour un serpent ou regarder le reflet de la lune sur les eaux calmes d’un lac… nous croyons voir celle-ci, si l’eau est calme le reflet est calme, si l’eau est agitée le reflet sera déformé… apprenons à être clair, je dois savoir que je ne contemple que le reflet, pour la voir il faut que je lève les yeux… cela à l’air évident bien sûr et pourtant !
Si notre mental est calme nous pourrons entendre ce qui est dit, si notre mental est agité, nous serons avant tout à l’écoute de nos peurs et la plupart du temps nous n’en sommes pas conscients, n’est-ce pas ?
Je vais vous raconter une histoire :
À l’approche de la cime, l’air se fait si ténu, si transparent qu’il faut inspirer profondément pour en cueillir d’infimes parcelles. Les rares voyageurs qui s’acharnent à franchir la montagne marchent en silence sur le filet de terre qui longe les à-pic. Au détour d’un aplomb, la paroi disparaît. Le pas hésite. Il se pourrait que le monde finisse ici. Le corps se penche imperceptiblement, l’œil regarde et s’étonne que le chemin soudain s’étale verdissant. Une herbe tendre attend l’intrépide. À peine plus loin, l’eau débordant d’un lac bondit au pied des bouleaux clairsemés. Leurs feuilles grises et leurs troncs blancs semblent irréels dans le brouillard léger.
Les voyageurs épuisés, posent leur bagage au bord des eaux limpides, s’agenouillent, se penchent vers l’eau pour boire et s’arroser le visage, le cou, les bras. Certains ôtent leurs chaussures et trempent leurs pieds meurtris dans l’intense fraîcheur.Ils versent l’ancien liquide de leur gourde qui pue le cuir infusé au soleil et s’approvisionnent en eau froide et pure.
L’onde est profonde, mais si transparente que seul le reflet du ciel la signale au-dessus des galets qui brillent au fond. L’un d’eux plonge le bras et jure, attirant l’attention de tous. Là dans l’eau, un collier de pierres rares et d’or attend d’être cueilli.
Récompense pour ceux qui ont osé braver leur vertige ?
Une belle dame passant l’aura laissé tomber !
Le lac est transparent mais glacial et profond. L’air très frais n’encourage pas la baignade. La dame n’a pas pu reprendre son bien. Elle était fortunée sans doute, et préférait perdre le joyau que se mouiller par cette froidure. Et puis chacun sait que les lacs de montagne sont habités par des rakshasis, ces êtres mi-fées mi-démon qui s’offensent de toute intrusion dans leur domaine. Ce bijou est peut-être un piège tendu à ceux qui franchissent la crête et le seuil de leur royaume. Il pourrait être dangereux d’y toucher.
Le plus jeune n’est pas le plus brave, mais il est le plus fou. Il se déshabille en un tournemain et court vers la rive. Sa décision provoque des palabres entre ceux que l’or fascine et ceux qui craignent les rakshasis. Lui persiste, indifférent aux commentaires, et, serrant les dents, laisse l’eau saisir ses genoux, glacer ses cuisses, rétrécir sa virilité. Il inspire profondément puis plonge. Le bijou aussitôt se défait, disparaît. L’homme refait surface, crachote, claque des dents, inspire, plonge encore, touche à nouveau le fond. Son poing ne saisit que cailloux. Sur la rive, chacun confirme que le collier a volé en éclats, qu’il s’est répandu dans le lac avant de disparaître. Les rakshasis l’ont reprit assurément !
Le jeune homme se rhabille à la hâte, après s’être frictionné énergiquement. Soudain des exclamations fusent. Le collier est revenu. Chacun, perplexe, le regarde. Les craintifs affirment que les rakshasis le protègent. Ceux qui l’or aimante foncent les sourcils cherchent, supputent et tentent d’estimer la profondeur du lac à cet endroit. L’un d’eux le sonde en s’aidant d’une branche morte. Le collier à nouveau se défait, s’éparpille.Il est déçu, casse la branche d’un geste rageur. Les craintifs s’éloignent et préviennent les autres à grand renfort de gestes.
- Les rakshasis vous tendent un piège. Ne voyez-vous pas qu’elles se jouent de vous ? Vous risquez la mort. D’ailleurs, voyez comme il tremble, ce fou qui a osé plonger au mépris de toute prudence. Il est blanc déjà, comme un cadavre !
La peur fait réfléchir. Les palabres reprennent bon train. Le groupe bourdonne comme une ruche. Quelqu’un s’en éloigne, fait une pose solitaire, réfléchi pour lui-même. Puis à nouveau le groupe tout entier glisse jusqu’à la rive et contemple le collier. Enfin la ruche éclate. Les uns reprennent leur bagage et rejoignent en courant ceux qui avaient déjà renoncé, les autres fouillent le paysage pour trouver une branche plus solide que la première. C’est ainsi, qu’en levant les yeux ils aperçoivent le collier, suspendu dans un bouleau.
L’intrépide plongeur retrouve ses couleurs, court secouer l’arbre en riant. Là-haut la pie dérangée s’envole tandis que pleuvent des brindilles, des feuilles et de l’écorce. En un bruit mat, le collier s’échoue aux pieds des hommes. Ils se précipitent pêle-mêle mains tendues.
Il est à moi ! crie l’un
Pousse-toi ! rugit l’autre
Attention ! plaide-on ici et là.
La pie plonge, repart en un éclair, son trésor dans le bec, elle fuit bien loin des imprécations et des jets de pierres. Alors chacun insulte l’autre, les mots sont musclés, les gestes brusques. Tel affirme qu’il le tenait, qu’il fallait le lui laisser, tel autre que c’est de leur faute…
Sur l’autre bord du lac, la pie laisse choir le collier sur une pierre inclinée.
Que pouvait-elle en faire ? Il est trop lourd, immangeable. Par son poids entraîné, il tombe, s’enfonce dans l’eau. Sans vague, sans remous, celle-ci referme sur lui son silence.
Et voilà ce qui arrive lorsque l’illusion s’empare de nous… Nous perdons parfois l’amitié parce que nous ou l’autre nous prête des intentions qui ne nous appartiennent pas…
De même la mort est un mirage… Prenons-nous le deuil pour une voiture qui rend l’âme (comme nous disons parfois) qui est morte? non… C’est le moteur qui n’avance plus… Nous sommes « immortel » parce que le SOI ne naît ni ne meurt… le moteur, lui, n’est pas immortel, il est sujet à des pannes (la maladie) ou à une impossibilité de continuer parce qu’il est arrivé au terme de sa courte existence…
Les relations peuvent prendre fin, elles sont soumises aux changements, les sentiments, les émotions, la colère etc… peuvent prendre fin, jamais l’AMOUR qui est la sève de toute vie.
« L’AMOUR n’est pas une émotion, c’est notre existence même »- Sri Sri Ravi Shankar